vendredi 15 janvier 2016

A tout âge, on peut s'éclater en compétition - par Steeve Lucenay


S'il n'y avait qu'une chose à retenir de cette expérience hors du commun, ce serait cette idée. 
Août 2015, la ville de Lyon accueille les championnats du monde Master d'athlétisme (35 ans et +). Peu d'enjeu financier, peu de couverture médiatique, pas de réel conditions d'engagement : mais que viennent donc chercher ces plus de 8000 athlètes, venus du monde entier?
En arrivant sur site la veille de la compétition, une chose me frappe, les sourires sont partout. Les 800 bénévoles se plient en 4 pour rendre l'accueil le plus agréable possible, les athlètes, venus des quatre coins de la planète, sont prompts à la discussion, chacun avec son niveau d'anglais. Maintenant ça parait évident, nous allons partager les jours qui viennent entre amoureux de courses, de sauts et de lancers : whaou ! 

Au premier jour de la compétition, l'ambiance n'a pas changé, mais un ingrédient supplémentaire vient s'ajouter à la fête : le stress. Vous savez, celui qui nous rend un peu différents à l'approche des moments importants. Certains me confient ne pas avoir dormi de la nuit, d'autres ont du se forcer à avaler quelque chose le matin, plus rares, ceux qui avouent faire attention à la moindre marche, au moindre caillou : c'est pas le moment de se tordre la cheville. En revanche c'est le moment de vérifier le sac à dos (pointes, maillot, épingles à nourrice, eau, fruits secs..). Comme d'habitude, je me suis réveillé à 2h du mat, puis à 5h, puis à 7h, prêt à partir au combat. Pfff c'est incroyable de se mettre dans un état pareil à près de 40 ans.

Au deuxième jour de la compétition, toujours les mêmes sourires, toujours cette ambiance. Tiens, voilà Cédric, éliminé la veille en séries. Le sprinter français le plus doué de sa génération, champion de France des 100m et 200m Cadet vient nous encourager. Hugues et moi sommes qualifiés pour les demi-finales du 100m : top.

Justement, les demis, parlons-en. Il fait 40c à l'ombre, l'échauffement n'est pas une partie de plaisir, mais il est mené avec soin. En chambre d'appel, la pression monte d'un cran, Jimmy Melfort, grand favori, ex membre du 4x100m francais s'agite beaucoup, Babatunde l'américain champion du monde en titre semble hyper relax. Vient enfin le moment d'entrer en piste. Pour moi, comme à chaque fois, l'intensité de l'émotion est à son paroxysme, le coeur accélère, les appuis au sol sont différents, les muscles des jambes sont différents, il y a un truc dans la poitrine. "Messieurs, à vos marques" / "On your marks" : je ne ressens plus rien, je sais pourquoi je suis là, je sais pourquoi nous sommes tous là.

La compétition, c'est l'éclate!

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